Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/324

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la puissance lui échappait, une ver lu lui échappait, la terreur, ce phénomène mystérieux de fascination qui rend la victime immobile, ou l’attire, la fait d’elle-même venir au-devant de la mort. Il n’y avait pas un moment à perdre pour voir si cette puissance s’exercerait encore une fois.

L’homme en qui elle fut au plus haut degré, Saint-Just, était à l’armée. Robespierre employa Couthon, c’est-à-dire la ruse. Couthon pauvre paralytique, doux de figure et de langage, touchant par le contraste de sa faiblesse physique et de sa grande volonté, était infiniment propre à ces grandes occasions de mensonge solennel. Très probe en toute affaire privée, il était prêt, pour le salut public, à faire litière, non seulement de sa vie, de son cœur, de son humanité, mais de l’honneur même.

Couthon présenta cette loi comme le simple accomplissement de ce que la Convention avait ordonné au Comité de salut public, comme un perfectionnement du tribunal révolutionnaire.

L’Assemblée trouva cette perfection effrayante.

Cinquante jurés, robespierristes.

Plus de défenseurs. « Défendre les traîtres, c’est conspirer. La loi donne pour défenseurs aux patriotes calomniés des jurés patriotes ; elles n’en accorde point aux conspirateurs. »

Plus d’interrogatoire préalable. Plus de dépositions écrites.

Plus de témoins, s’il n’est absolument nécessaire.

La preuve morale suffit.