Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/342

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il dut s’adresser pour leur obtenir des délais, était instruit de l’affaire. Il avait là une ressource, un glaive contre son ennemi. Admirable prise ! La chose habilement arrangée, Robespierre pouvait apparaître comme patron des maisons de jeu !

Robespierre ? lequel des deux ? On se garda de dire le jeune. La chose eût perdu tout son prix.

Il fut bientôt averti, sans doute par son frère même, qui fit sa confession. Il vit l’abîme et frémit.

Alla-t-il aux comités ? ou les comités lui envoyèrent-ils ? On ne sait. Ce qui est sûr, c’est que, le soir du 25 prairial (14 juin), deux choses terribles se firent entre lui et eux.

Il réfléchit que l’affaire était irrémédiable, que l’effet en serait augmenté par sa résistance, qu’il fallait en tirer parti, obtenir des comités, en retour de cette vaine joie de malignité, une arme réelle qui lui servirait peut-être à frapper les comités, en tout cas à faire un pas décisif dans sa voie de dictature judiciaire.

Lors donc que le vieux Vadier lui dit d’un air observateur : « Nous faisons demain le rapport sur l’affaire Saint-Amaranthe », il fit quelques objections, mollement, et moins qu’on ne croyait.

Et le même jour il fit donner par le Comité de salut public à son bureau de police le droit nouveau de traduire les détenus au tribunal révolutionnaire.

Ainsi ses deux hommes à lui (et tous deux d’Arras), le chef de division Herman et le sous-