Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/348

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ainsi notées, on trouva cela naturel !… La crédulité furieuse serrait sur ses yeux le bandeau.

Il était à craindre pourtant que l’équité et le bon sens ne retrouvassent un peu de jour, que quelques-uns ne s’avisassent de cette chose si simple : il y a deux Robespierre.

On ne perdit pas un moment pour redoubler, enfoncer le coup, pour continuer par une attaque mieux fondée, plus sérieuse, la première impression. Non, Robespierre n’était pas prenable du côté des mœurs ; il l’était par un côté plus intérieur, plus profond.

Dans les luttes violentes, à mort, d’un combat pour les principes, il arrive souvent qu’à la longue les principes chez les plus sincères ne sont plus qu’en seconde ligne. Le combat est tout, le péril est tout, la victoire est tout. La main du combattant empoigne, égarée et convulsive, toute arme, même hostile aux principes.

Telle était la seule corruption possible dans un homme comme celui-ci. Il pouvait être tenté, dans sa situation terrible, d’exploiter pour son salut, pour celui de la Révolution, un moyen contre-révolutionnaire.

Et Robespierre, pour rencontrer ce moyen, cette tentation, n’avait pas à chercher loin, il l’avait en lui.

D’où était-il parti ? D’Arras, des plus tristes précédents. Né dans une ville de prêtres, élevé par la protection des prêtres, qui même, dès qu’il fut