Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/355

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qui était l’autre, le fauteuil d’honneur à la droite de Mère de Dieu ? N’était-ce pas pour un fils aîné, le Sauveur qui devait venir ?

Quelque ridicule que la chose pût être en elle-même et quelque intérêt qu’on ait eu à la montrer telle, il y a deux points qui y découvrent l’essai d’une association grossière entre l’illuminisme chrétien, le mysticisme révolutionnaire et l’inauguration d’un gouvernement des prophètes.

« Le premier sceau de l’Évangile fut l’annonce du Verbe ; le second, la réparation des cultes ; le troisième, la Révolution ; le quatrième, la mort des rois ; le cinquième, la réunion des peuples ; le sixième, le combat de l’ange exterminateur ; le septième, la résurrection des élus de la Mère de Dieu, et le bonheur général surveillé par les prophètes. »

« Au jour de la résurrection, où sera la Mère de Dieu ? Sur son trône, entre ses prophètes, dans le Panthéon. »

L’espion Sénart, qui se fait initier pour les trahir et les arrêta, trouva, dit-il, chez la Mère, une lettre écrite en son nom à Robespierre comme à son premier prophète, au fils de l’Etre suprême, au Rédempteur, au Messie.

Était-ce réellement la minute d’une lettre qui fut envoyée ? ou bien faut-il croire que ceux qui, pour servir Robespierre, attribuèrent un faux à Fabre d’Églantine, ont pu, pour perdre Robespierre, faire aussi un faux ? Les deux suppositions ont une telle