le cimetière de la Révolution. Les condamnés, menés vivants le long du faubourg, morts le traversaient de nouveau pour aller se faire enterrer au centre même du quartier, au milieu de la section de Montreuil, au cimetière Sainte-Marguerite, cimetière comble et regorgeant. Dès germinal, les élèves du salpêtre, qui travaillaient dans l’église, ne supportaient pas, disaient-ils, la puanteur des fosses voisines. Le 26 prairial, les administrateurs de police écrivirent que le faubourg craignait une épidémie, si l’on ajoutait les guillotinés à ce foyer d’infection. Cent et quelques suppliciés qu’on y enterra, jusqu’au 4 messidor, portèrent au comble l’inquiétude et l’irritation de la section. Les habitants déclarèrent qu’ils n’en supportaient plus l’odeur.
Il y avait un remède. C’était de jeter force chaux, de hâter la destruction. A quoi se trouva un obstacle. Les suppliciés étant mis pêle-mêle à Sainte-Marguerite avec les morts du faubourg, on n’aurait brûlé les uns qu’en brûlant les autres. Et c’est à quoi s’opposait la sensibilité du peuple. Les sans-culottes voulaient que leurs morts pourrissent là à loisir et tranquillement.
Il y avait bien un autre cimetière dans le faubourg, non dans la section de Montreuil, mais dans celle des Quinze-Vingts. C’était celui de l’Abbaye Saint-Antoine (aujourd’hui hospice des Enfants). La section des Quinze-Vingts, désirant fort peu qu’on mît ce dépôt chez elle, montra que ce cimetière était de peu de ressources ; à dix pieds dessous, on ren-