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en réalité. Il était entre trois cimetières, tous trois alarmants. Sainte-Marguerite regorgeant, il avait fallu enterrer à Saint-Antoine, et là chaque lit de corps n’avait pas quatre pouces de terre. Pour Picpus, où allaient les guillotinés, on n’en soutenait pas la vue. L’argile repoussait tout, refusait de rien cacher. Tout restait à la surface. La putréfaction liquide surnageait et bouillonnait sous le soleil de juillet. La voirie, qui fit son rapport, n’osait répondre que la chaux absorbât cette odeur terrible. On couvrit les fosses de planches, et les corps étaient jetés par des trappes. On y jeta la chaux en masse, mais on versa maladroitement tant d’eau à la fois que l’état des choses empira encore.

Le 29 messidor, on songeait, qui le croirait ? à quitter Picpus, à conduire les guillotinés à Saint-Antoine, jugé comble le 27.

L’architecte trouva (1er thermidor) un terrain hors des barrières sur la route de Saint-Mandé. C’était une vieille carrière de sable abandonnée qu’on appelait Mont-au-Poivre. Seulement il fallait le temps de l’approprier à la chose. Il fallait au moins le fermer de planches et creuser les fosses. En notant ces dispositions, il fait cette curieuse remarque : « Qu’elles permettront de conserver une belle vigne et des arbres dont il serait intéressant de récolter les fruits. »

Pour tout préparer, il fallait quelques jours, mais, quelque promptitude qu’on y mît, la guillotine allait si vite que Picpus, comble et surchargé, fermentant