Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/413

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Si l’on en croyait la liste écrite par la Commune le 9 thermidor, on n’eût demandé (outre cinq membres des comités) que les représentants Léonard Bourdon, Fréron, Tallien, Panis, Dubois-Crancé, Fouché, Javogues et Granet.

Cette liste visiblement n’indique que ceux qu’on croyait obtenir ; les noms les plus forts y manquent. On n’y voit pas Billaud-Varennes, son vrai rival de terreur, Bourdon le rouge, son redoutable interrupteur, Lecointre, qui avait dressé son acte d’accusation (Robespierre le savait) dès le 25 prairial, Merlin (de Thionville), dont il haïssait tant la popularité militaire. La longue queue des dantonistes et des hébertistes y aurait passé de droit. Celle des maratistes aussi : Ruamps, pour le cri décisif qui arrêta la loi de Prairial ; Bentabole, pour sa vive et audacieuse opposition en plusieurs moments très graves ; Sergent (qui l’assure dans ses notes), mais pour quel grief ? Était-ce pour les comptes de la Commune, vraiment impossibles à rendre ?… Quand on voyait menacés des hommes aussi inoffensifs que Sergent et Panis, ces lointaines antiquités de 1792, qui pouvait se croire en sûreté ?

Si les comités consentaient à entamer de nouveau la Montagne, s’ils livraient à Robespierre l’Assemblée qui venait de leur accorder des votes pour se garder de Robespierre, ils livraient leurs propres gardiens, ils se livraient eux-mêmes.

Ils montrèrent plus de fermeté qu’on n’eût attendu. Élie Lacoste articula simplement et fortement leur