Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/417

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lue sans nul doute, les choses qu’en ce moment il cherchait à étouffer. Elle parlait sans nécessité d’une affaire déjà saisie par les tribunaux, d’une pétition bizarre pour appliquer la peine de mort aux blasphémateurs ! « Pétition, disait-on, qui dégrade le décret contre l’athéisme et désigne les représentants comme prêtres et prophètes d’une religion. »

Barère profita sur-le-champ de l’adresse des jacobins. Il sortait du Comité, où Saint-Just revenu de l’armée avait repoussé les bases du rapport convenu sur la situation. La dernière espérance de conciliation s’était évanouie. Barère suppléa Saint-Just ; il improvisa, plusieurs heures durant, une immense carmagnole sur les services du Comité. La finale, assaisonnée d’éloges pour Robespierre, posait pourtant la question. « On parle d’un 31 mai. La destinée d’un grand peuple ne tiendrait-elle donc qu’aux machinations de quelques contre-révolutionnaires, cachés derrière les meilleurs citoyens ?… Déjà un représentant, qui jouit d’une réputation méritée par cinq années de travaux et par ses principes imperturbables, a réfuté ces propos avec chaleur, prouvé qu’on devait arrêter ceux qui les tenaient. Il a dénoncé l’auteur de cette pétition qui ridiculise une fête célèbre », etc.

Ainsi le mot était dit : On parle d’un 31 mai. Saint-Just chercha tout le jour Robespierre pour le décider à agir. Il était à la campagne (à Montmorency, dit-on), où il travaillait à son grand discours. La tradition robespierriste, très attentive à faire