Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/447

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d’autres, mortels ennemis de Robespierre, ne prononcèrent pas un mot contre lui. Loin de là, Lecointre disait qu’on devait l’écouter, qu’on ne pouvait empêcher sa défense.

Billaud et Tallien, Tallien et Billaud, se succédaient à la tribune, personne autre n’y montait.

Robespierre voulant répondre, la grande masse d’un même cri étouffait toujours sa parole : « À bas le tyran ! » Les coalisés étaient convenus de le faire périr ainsi. La mort sans phrases (le mot qu’on attribue à Sieyès) pouvait seule rallier une masse si hétérogène, si intéressée à cacher la diversité des mobiles qui la poussaient contre lui.

L’arrestation de Dumas, celle d’Henriot et de ses lieutenants, c’est tout ce qu’on osa d’abord. Cela laissait encore une belle porte ouverte pour Robespierre. On pouvait rejeter tout sur l’odieux président du tribunal révolutionnaire, sur l’ignoble chef de la force armée. Henriot seul aurait tout fait, seul appelé aux armes la garde nationale ; cette convocation furtive sans le rappel du tambour n’était-elle pas une erreur commise par Henriot dans un moment peu lucide ?

Barère que toute l’Assemblée appelait à la tribune, s’efforça de contenir l’affaire dans ces étroites limites. Il n’attaqua absolument que l’autorité militaire, de sorte qu’Henriot sacrifié, le généralat supprimé, le commandement partagé entre les chefs de légion, tout était fini.