Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/459

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que commandent les tribunaux, avec tous leurs employés, leurs geôliers, leur garde nombreuse. Le véritable maître du lieu qui y résidait et donnait les ordres était l’accusateur public du tribunal révolutionnaire. Si Fouquier-Tinville, sans sortir de chez lui, eût, de son Palais de justice, visité le prisonnier, celui-ci devenait bien fort. La calomnie du prétendu royalisme de Robespierre qu’on fît courir dans Paris, eût-elle pu prendre racine ? L’opinion du tribunal révolutionnaire eût d’avance couvert l’accusé. Les exagérés, qui, comme on verra, furent très actifs contre lui, n’auraient pas osé être plus difficiles en patriotisme que Fouquier-Tinville.

On sentait si bien la nécessité d’avoir celui-ci pour soi que, le même jour, 9 thermidor, Coffinhal avait voulu dîner avec Fouquier chez un ami commun derrière Notre-Dame (au Pont-Rouge, île Saint-Louis). Fouquier rentra au Palais à six heures du soir, presque au même moment où Robespierre entrait par l’autre quai à la Police qui y touche. Celui-ci y resta jusqu’à neuf, mais ni Fouquier ni Dobsent, président du tribunal criminel, ne firent le moindre pas vers lui.

Robespierre, à la Police, n’était pas même gardé. Il s’adressa à la section, celle de la Cité, section fort importante par sa position centrale, par le Palais, par Notre-Dame, par la facilité qu’elle a de disposer du bourdon, la grosse cloche qui peut sonner le tocsin pour Paris, et qui le sonna effectivement au 31 mai. La Cité était encore fortement influencée