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Barras, général sans armée, ne donna aucun ordre, ne fît rien que quelques reconnaissances autour des Tuileries. Des représentants s’assurèrent de l’Ecole de Mars, d’autres coururent les sections. Bien reçus, mais généralement n’y trouvant presque personne, ici un comité révolutionnaire, là un comité civil, ailleurs une soi-disant assemblée générale, à peu près déserte. Les envoyés de la Commune n’avaient pas meilleure chance. Les députations et les torches allaient, venaient, se croisaient. Les Parisiens restaient dans leurs lits.

Ne restait-il donc rien du parti hébertiste si ter rible en 1793, si nombreux encore en mars, quand Robespierre l’étouffa ? Les disciples de Chaumette et Clootz, l’église de la Raison avait-elle disparu dans ces vastes et profonds quartiers de l’industrie parisienne qui, au jardin des Filles-Dieu, aimaient tant à écouter les sermons d’Anaxagoras ? Ceux qu’on appelait enfin enragés, anarchistes, partisans des lois agraires, etc., ceux qui, en juin 1793, semblaient tellement redoutables qu’ils décidèrent Robespierre à s’aider contre eux d’Hébert, ceux qu’on poursuivait encore en prairial 1794, au jardin des Tuileries, ne firent-ils rien en thermidor ? On se rappelle les tréteaux de Varlet, les furies du Lyonnais Leclerc, amant de Rose Lacombe[1], les témérités de

  1. Rose Lacombe, brillante et terrible dans la nuit du 31 mai, ne parlant que de massacre, avait, peu de mois après, molli, voulu sauver des hommes. On lui ferme bientôt son théâtre, la société des femmes révolutionnaires. En mars, quand elle voit l’orage gronder dans les discours de Saint-Just, elle part et se fait actrice à Dunkerque. En Thermidor, elle est marchande à la