Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/488

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partout le malheureux que j’avais blessé, mais on l’avait enlevé sur-le-champ.

« Robespierre et Couthon sont étendus aux pieds de la tribune. Je fouille Robespierre, je lui prends son portefeuille et sa montre, que je remets à Léonard Bourdon, qui vient en ce moment me féliciter sur ma victoire et donner des ordres de police.

« Les grenadiers se jettent sur Robespierre et Couthon qu’ils croient morts et les traînent par les pieds jusqu’au quai Pelletier. Là ils veulent les jeter à l’eau ; mais je m’y oppose et je les remets à la garde d’une compagnie des Gravilliers. »

Robespierre remis justement aux hommes des Gravilliers ! Telle fut la vengeance de Roux et Chaumette, apôtres et martyrs des ouvriers de Paris, du tribun de la rue Aumaire, du prédicateur des Filles-Dieu !


La Révolution classique, ennemie du socialisme et de la rénovation religieuse, succombe ici en Robespierre.

Robespierre tomba en avant sur l’appel à l’insurrection qu’il n’avait pas voulu signer, tacha de son sang la pièce capitale qui lave sa mémoire devant la postérité.

Sans doute il s’évanouit. Il n’était pas mort, mais blessé. Tué ou blessé, dans une telle position, c’est presque même chose. L’idolâtrie était tuée ; il était convaincu d’être homme, de n’être pas vraiment dieu. Que serait-il arrivé pourtant si, le coup étant