Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/490

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qui le maltraitaient. Ils n’en tiraient pas une plainte : « Jetons cette charogne à la Seine », dirent-ils. Alors pourtant une voix douce sortit de cette pauvre chose sans nom, inerte et sanglante : « Un instant, citoyens, je ne suis pas encore mort. »

Le jour vit cet affreux spectacle. On ramenait à la Convention le cadavre et les blessés. Derrière le corps de Lebas marchaient, au bout d’une corde, Dumas et Saint-Just, celui-ci noble, ferme et calme.

Les vainqueurs n’étaient pas d’accord sur la manière dont ils devaient présenter l’affaire. Plusieurs avaient eux-mêmes horreur de ce qui s’était fait. Léonard Bourdon présenta Merda à la Convention « comme ayant tué deux des conspirateurs ». Chose tout à fait inexacte. Et il ne dit pas les noms. Le gendarme reçut, ce premier jour, de grandes promesses. Mais quand il alla au Comité, Collot et Billaud le reçurent très mal. « Ils t’en veulent beaucoup », dit Carnot.

La chose les blessait en deux sens. D’abord elle constatait que le nœud s’était tranché sans eux et par un coup fortuit. Ou, s’ils revendiquaient le coup, s’ils en faisaient honneur à leur prévoyance, ils s’assuraient la haine mortelle des robespierristes , dont l’appui ne pouvait tarder à leur être si nécessaire. Ce n’était pas trop de l’union étroite de toutes les fractions républicaines contre la réaction à laquelle un tel événement ouvrait la carrière illimitée.

Ils convinrent de dire, et Barère dit : « Que