Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/492

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yeux ; le sang coulait avec abondance de la blessure qu’il avait à la mâchoire inférieure gauche : cette mâchoire était brisée et sa joue percée d’un coup de feu ; sa chemise était ensanglantée. Il était sans chapeau et sans cravate ; il avait un habit bleu-ciel, une culotte de nankin, des bas de coton blanc.

« On s’aperçut qu’il tenait dans ses mains un petit sac de peau blanche, sur lequel était écrit : Au Grand-Monarque. Lecourt, fourbisseur du roi et de ses troupes, rue Saint-Honoré, près celle des Poulies, à Paris. Il se servait de ce sac pour retirer le sang caillé qui sortait de sa bouche. Les citoyens qui l’entouraient observaient tous ses mouvements ; quelques-uns d’entre eux lui donnèrent même du papier blanc (faute de linge), qu’il employait au même usage, en se servant de la main droite seulement et en s’appuyant sur le coude gauche. Robespierre, à deux ou trois reprises différentes, fut vivement maltraité de paroles par quelques citoyens, mais particulièrement par un canonnier de son pays, qui lui reprocha militairement sa perfidie et sa scélératesse. Vers six heures du matin, un chirurgien, qui se trouva dans la cour du Palais National, fut appelé pour le panser. Il lui mit par précaution une clé dans la bouche ; il trouva qu’il avait la mâchoire gauche fracassée ; il lui tira deux ou trois dents, lui banda sa blessure et fit placer à côté de lui une cuvette remplie d’eau.

« Au moment où l’on y pensait le moins, il se