Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/56

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Le prétexte fut celui que tous les pouvoirs emploient avec succès dans les arrestations politiques pour donner le change : arrêté comme voleur.

L’étonnement fut profond. D’autres, surtout Bourdon (de l’Oise), avaient bien autrement provoqué Robespierre. Voici cependant deux mois qui peuvent éclaircir la chose.

1° Fabre, peu de jours auparavant, avait eu l’imprudence de dire qu’il prouverait, pièces en mains, qu’Héron, l’agent général des arrestations, avait des mandats d’arrêt en blanc, et qu’ainsi le Comité de sûreté le lançait sans savoir sur qui. Dans ce cas, quelqu’un sans doute dirigeait Héron, un homme apparemment plus puissant que le Comité.

2° On nous apprend que Fabre en prison, malade et tout près d’aller à la mort, n’était occupé, ne parlait que d’une grande comédie en cinq actes, qu’on lui avait prise en l’arrêtant (Mémoire sur les prisons, l, 69).

Quel en était le sujet ? Nous devrions au moins en trouver le titre dans l’inventaire de ses papiers qui se fît en juin. La pièce n’y est point relatée, ce qui prouve qu’en effet elle lui avait été prise au moment de l’arrestation.

Le sujet ne serait-il pas celui qui semble indiqué par allusion dans Desmoulins : « Il est telle comédie grecque, contre les ultra-révolutionnaires et les tenants de la tribune de ce temps-là, qui traduite ferait dire à Hébert que la pièce ne peut être que de Fabre d’Églantine. »