Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/69

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habile et dangereux qui, disait-on, menait Danton, Desmoulins et tout le monde, c’était une contradiction hardie et cynique, qui ne pouvait être risquée que par la toute-puissance, par ceux qui, pour être crus, n’ont pas même besoin d’imiter les écritures, pouvant faire juger sans pièces ou tuer sans jugement.

Nous n’accusons nullement Robespierre de cette machination, son caractère y répugnait. D’ailleurs il est très rare que les puissants aient besoin de faire des crimes ni même de les savoir ; on devance leurs pensées.

Nous ne croyons pas non plus qu’il y ait lieu d’accuser en masse le Comité de sûreté. Il y régnait une singulière division du travail. Des affaires grandes et terribles s’y sont souvent décidées avec deux ou trois signatures.

L’accusation dont les menaçait Fabre aura décidé les membres les plus compromis du Comité. La haine et la peur auront aisément établi dans leur esprit que leur ennemi était un traître. Cela bien convenu entre eux, le moyen de le faire périr leur parut indifférent. Un faux ? Pourquoi pas ? Le mot traître à lui seul contient tous les crimes.

Chose singulière ! l’homme le plus envenimé contre Fabre garde une certaine réserve. Robespierre parle de son avarice, de son immoralité ; il n’ose articuler expressément le mot faussaire.

Conservait -il quelque doute ? Il s’en sera rapporté au Comité de sûreté et aux tribunaux, à son