Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/71

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lion plus claire se marqua plus tard dans Babeuf.

Et comme la peur est cruelle, on fut impitoyable pour Jacques Roux. Chaque fois qu’il y eut du bruit dans Paris, on tomba sur lui ; on lui mit d’abord sur le dos l’émeute du savon (juin) et on lui lança Marat. Il essaya un journal avec Leclerc, de Lyon. Et on l’étouffa par une réclamation de la veuve Marat (août). Au mouvement de septembre, les choses à peine arrangées, on tombe encore sur Jacques Roux, sous le prétexte d’un vol[1] ; il demande en vain qu’on le juge, en vain les Gravilliers réclament à la Commune ; Hébert rit et pirouette, comme un marquis d’autrefois. Les femmes révolutionnaires, qui le soutenaient, sont dissoutes, leurs clubs fermés. Le pauvre homme reste là, attendant toujours des juges… Le procès est escamoté. La police cor-

  1. Loin que cette accusation eût la moindre apparence, ces fanatiques marquaient par leur désintéressement. Quand on assigna une indemnité pour l’assistance aux sections, celle des Droits-de-l’Homme, sous l’influence de Varlet, refusa l’indemnité, dans ce temps d’extrême misère ! Le faubourg se piqua d’honneur et les Quinze-Vingts dirent aussi : « Nous avons fait la Révolution sans intérêt et nous continuerons de même. » (Archives de la Police. Procès-verbaux des Quinze-Vingts, 12-13 septembre 1793.) — Quant à Jacques Roux, son crime fut d’avoir soutenu (contre le Comité de salut public) qu’une dictature prolongée était la mort de la liberté ; puis d’avoir demandé qu’on établit des magasins publics où les fermiers seraient forcés de porter leurs denrées ; l’État eût été seul vendeur et distributeur. Doctrine très populaire aux Gravilliers, aux Arcis et autres sections du centre de Paris. Voir la très rare brochure :

    Discours sur les moyens de sauver la France et la liberté, prononcé dans l’église métropolitaine, à Saint-Eustache, Sainte-Marguerite, Saint-Antoine, Saint-Nicolas et Saint-Sulpice (vers la fin de 1792), par Jacques Roux, membre de la société des Droits-de-l’homme et du citoyen. Chez l’auteur, rue Aumaire, n° 120, cloître Saint-Nicolas-des-Champs, par le petit escalier, au second. (Collection Dugast-Matifeux.)