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n’avaient d’opinion que la faim. Les marins ne naviguaient plus, les cordiers ne filaient plus, les pêcheurs ne péchaient plus, les poissonnières ne vendaient plus ; celles-ci, mobiles et furieuses, changèrent de partis trois fois en deux ans[1].

Les patriotes se comptèrent ; je crois qu’ils n’étaient pas cinq cents. Et pour chefs ils avaient un fou !

Ils jugèrent la situation exactement du point de vue du radeau de la Méduse, ou comme dans un vaisseau négrier qui enfonce sous sa cargaison.


    p... encore, il répondrait. Interrogé quelles personnes il connaît à Nantes ou dont il est connu. R. Qu’il est connu de la bique, sa mère. Interrogé qui lui a remis les quatre billets ou papiers écrits trouvés sur lui. R. Que ce sont ceux qui les lui ont donnés. Sommé de nous dire leur nom et leur demeure. R. Que nous pouvons y regarder. — A cet endroit, nous étant aperçu que ledit particulier avait mal à une jambe, nous lui avons fait tirer le bas qui la couvrait et nous avons aperçu une blessure qui nous a paru l’effet d’une balle. Nous l’avons interpellé à dire d’où provenait cette blessure. R. Qu’elle provient de ce qu’il a sauté la haie. Sommé de nous dire si elle n’est pas l’effet d’un coup de fusil ou autre arme à feu. R. Que non, qu’elle lui a été faite par une écotte en sautant une haie. D. Quel jour ? R. Le jour où il se la fit, au matin ou au soir. Nous avons représenté à l’interrogé que, quoique velu en habitant des campagnes, la chemise dont il est couvert est d’une toile tellement fine qu’il n’est pas possible de croire, surtout lorsqu’on examine le dedans de ses mains, qu’il soit un laboureur ou exerce un état mécanique. R. Que si nous trouvons sa chemise trop sale, il faut lui en donner une autre. Interrogé s’il ne serait point un prêtre. R. Que sia, qu’il dit tous les jours la messe. Interrogé où il l’a dite aujourd’hui, — a répondu : Comment vous appell’ous. — Tels sont ses interrogatoires dont lecture lui a été faite, a déclaré qu’ils sont véritables, et ne savoir ni lire ni écrire. « Phelippes »

  1. En 1792, des dames de la bourgeoisie girondine, irritées contre les couvents, ateliers de la guerre civile qui leur enlevait leurs amants, étaient allées battre et fouetter les religieuses des Couets. Les poissonnières, habilement ameutées par les royalistes, allèrent fouetter les fouetteuses. Elles étaient donc royalistes ? Point du tout. En 1793, dans la cherté des vivres, elles criaient : « Vive Carrier ! A l’eau les brigands ! » En 1794, la sensibilité revint, l’intérêt aussi, et le ménagement des grosses pratiques ; elles allèrent déposer contre Carrier.