Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/94

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en même temps ses fureurs absurdes. Il s’était montré zélé et actif, avait réussi, dans cet abandon du centre, à chausser, habiller l’armée, ayant mis les draps, les cuirs en réquisition, ayant créé des ateliers révolutionnaires pour faire les habits, les souliers ; il en envoyait à l’armée six cents paires par jour. Aux moments les plus décisifs, il agit avec à-propos. Lorsque les Vendéens arrivèrent devant Granville, croyant voir venir les vaisseaux anglais, ce furent deux canonnières envoyées par Carrier qui vinrent au contraire et tirèrent sur eux. Une petite Vendée qui se formait dans le Morbihan fut à l’instant étouffée en deux combats par les généraux Avril et Cambrai, qu’il y dépêcha. Angers, sans vivres, au moment où les brigands fondirent sur elle, vit, le soir, arriver quarante charrettes de pain, qui, de Nantes, avaient fait les vingt lieues au grand galop. Tous les bâtiments furent saisis sur la Loire ; les Vendéens ne trouvèrent pas deux barques pour repasser. Leurs radeaux furent fracassés par les chaloupes canonnières de Carrier, qui, rangées en file, balayèrent le fleuve et en noyèrent des milliers. Il garda de même la Vilaine, leur ferma ainsi la Bretagne, en sorte qu’ils vinrent s’enfourner, se faire écraser au triangle de Savenay.

Les Auvergnats de Carrier (troisième bataillon du Cantal) se lancèrent dans la Vendée ; unis aux troupes qu’on envoyait de l’armée du Nord, ils reprirent l’île de Noirmoutiers. La côte fut fermée aux Anglais.