Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/97

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Bon nombre de Vendéennes croyaient que les hommes moins passionnés pourraient bien avoir besoin d’être soutenus, relevés par leur énergie. Elles voulaient faire marcher droit leurs maris et leurs amants, donner courage à leurs prêtres. Au passage de la Loire, les barques étant peu nombreuses, elles employaient, en attendant, le temps à se confesser. Les prêtres les écoutaient, assis sur les tertres du rivage. L’opération fut troublée par quelques volées perdues du canon républicain. Un des confesseurs fuyait… Sa pénitente le rattrape : « Eh ! mon père ! l’absolution ! — Ah ! ma fille, vous l’avez. » — Mais elle ne le tint pas quitte ; le retenant par sa soutane, elle le fît rester sous le feu.

Tout intrépides qu’elles fussent, ces dames n’en furent pas moins d’un grand embarras pour l’armée. Outre cinquante carrosses où elles s’étaient entassées, il y en avait des milliers, ou en charrette, ou à cheval, à pied, de toutes façons. Beaucoup traînaient des enfants. Plusieurs étaient grosses. Elles trouvèrent bientôt les hommes autres qu’ils n’étaient au départ. Les vertus du Vendéen tenaient à ses habitudes ; hors de chez lui, il se trouva démoralisé. Sa confiance en ses chefs, en ses prêtres, disparut ; il soupçonnait les premiers de vouloir fuir, s’embarquer. Pour les prêtres, leurs disputes, la fourbe de l’évêque d’Agra, les intrigues de Bernier, leurs mœurs jusque-là cachées, tout parut cyniquement. L’armée y perdit sa foi. Points de milieu ; dévots hier, tout à coup