poussait nullement la population à courir hors du pays. Il n’avait pas sur la femme bretonne l’action du prêtre français sur la Vendéenne. La Bretonne, plus timide, qui, au repas, ne s’asseoit pas devant son mari, qui se nourrit pauvrement (et qui boit, malheureusement), n’est point du tout, comme l’autre, la maîtresse du logis. La Vendéenne, aux yeux noirs, emportée, nourrie de viande, ne doute de rien. Elle pense et veut plus que l’homme, qui passe ses jours tout seul entre deux haies, derrière ses bœufs, et elle le fait vouloir. Dans l’Aunis, il n’est pas rare qu’elle le batte ; en certains villages, on en fait ce qu’ils appellent des ballades et de grands charivaris.
Les Mémoires inédits de Mercier du Rocher, patriote fort modéré, d’autre part les registres judiciaires de Nantes, établissent à quel point la Vendéenne appartenait au prêtre. Les correspondances des religieuses de Vendée que saisit Mercier expliquent ces demi-mariages, et pourquoi les prêtres ne purent se décider à émigrer. Les registres sont pleins de femmes qui se battent pour les mêmes causes ou livrent des hommes à la mort. Marie Chevet, par exemple, une lingère de vingt-cinq ans, agent des dames La Rochefoucauld et Lépinay (amazones de Charette), avoue bravement qu’au 29 juin, elle vint au siège de Nantes, armée, pour tirer de prison le curé de Machecoul. À la messe du massacre qui fut dite (en mars) à Machecoul, sur le champ de mort, elle assistait en robe blanche près du drapeau blanc. (Registres du greffe de Nantes.)
« Ah ! brigandes ! ce sont les femmes qui sont