Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/156

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ce sont ses valets de chambre. C’est M. Hue, qui imprime à l’imprimerie royale, en 1814, en pleine réaction. C’est Cléry, qui imprime à Londres en 1798, parmi les Anglais et les émigrés, qui tous avaient intérêt à canoniser celui dont la mort les servait si bien. Notez que telles anecdotes, trop naïves, de cette première édition ont été hardiment supprimées dans l’édition française. Nous avons encore de prétendus Mémoires de Madame d’Angoulème, écrits à la tour du Temple, où elle ne pouvait écrire, n’ayant jamais eu ni papier ni encre. Ceux qui vinrent la délivrer furent touchés de voir qu’elle était réduite à charbonner sur les murs.

Les royalistes ont si prodigieusement usé de fraudes pieuses et de saints mensonges dans leurs actes des martyrs (spécialement pour la Vendée), nous les surprenons si souvent en flagrant délit, lorsque nous pouvons contrôler, qu’il faut bien qu’ils nous permettent de conserver quelques doutes sur maint détail de cette légende du Temple, où ils parlent seuls dans leur propre cause. Parfois, ils se contredisent entre eux, et l’on pourrait discuter. Je n’essayerai pas de le faire. Je regrette seulement que les historiens aient copié docilement, développé même parfois la prolixe légende des chroniqueurs de parti.

De très bonne heure, on put remarquer que cette affaire, conduite maladroitement, brutalement, par le gouvernement de la foule et du hasard, pré-