Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/473

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Une sorte de stupeur avait saisi l’Assemblée. Fonfrède prit la parole : « Citoyens, dit-il, si la modestie n’était le devoir d’un homme public, je m’offenserais de ce que mon nom n’a pas été inscrit dans cette liste honorable. »

À cette généreuse parole du jeune représentant, l’Assemblée émue se lève, et les trois quarts crient : « Nous aussi ! nous tous ! nous tous ! » Et ils demandaient l’appel nominal, personne ne voulant se cacher dans l’ombre du vote commun, tous offrant leurs noms, leurs vies…

Fonfrède reprit l’adresse avec un à-propos, une vigueur singulière. Il loua les pétitionnaires de leur attachement aux principes, de leur respect pour la volonté des départements. « Qu’entendent-ils par ce mot, les départements ? S’ils étaient aristocrates, ils entendraient par là telles administrations, telles sociétés des départements ; mais ils sont républicains ; ils entendent les assemblées primaires : ils savent que là, et là seulement, réside la souveraineté… Je convertis cette pétition en motion, je demande que l’Assemblée l’adopte. »

Grand silence à la Montagne.

Un Montagnard, cependant, hasardant je ne sais quelle vague explication, Fonfrède ajouta ces paroles :

« Qu’arrivera-t-il, citoyens, si vous ne légalisez la mesure que ces pétitionnaires patriotes vous ont ravi la faculté d’improuver ?… Dans d’autres départements, dans la Gironde, par exemple, on se ras-