Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/484

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Elle agit par une combinaison violente d’intérêt et de fanatisme. Elle commença par prendre toutes les places pour elle-même.

La société des Jacobins tout entière entra dans l’administration. En avril, elle avait occupé environ dix mille emplois, par elle-même ou ses créatures.

Cela commença par le ministère de la guerre, Pache y fut mis par la Gironde et y mit les Jacobins.

Quelques-uns de ces nouveaux venus qui entrèrent au gouvernement, Monge par exemple, Meunier, de l’Académie des Sciences, en étaient dignes par leurs lumières autant que par leur énergie. C’étaient de rares exceptions. Tous les autres n’avaient pour eux que leur âpre patriotisme ; ils étaient parfaitement étrangers aux choses administratives. Tels savaient à peine écrire.

La force d’ascension qui porta invinciblement la société jacobine à toutes les places effaça un moment l’influence girondine. Les Girondins étaient toujours forts à la Convention, honorés d’elle, présidents, secrétaires, membres de tous les comités. Ils n’avaient plus d’agents en bas. Ils restaient en haut, isolés ; ils étaient comme une tête qu’on pouvait couper d’un coup.

De tous les pouvoirs publics, celui que les Jacobins saisirent le plus avidement, ce fut la justice.

Les fonctions périlleuses, terribles du tribunal révolutionnaire, qu’on frémissait d’accepter, les Jacobins les sollicitèrent. Comme juges et comme jurés, ils furent tout le tribunal. La nomination dépendant de