Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/472

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Des lois contre nature firent ainsi, par la haine, des mœurs contre nature.

Ô temps dur, temps maudit ! et gros de désespoir !


Nous avons disserté. Mais voici presque l’aube. Dans un moment, l’heure sonne qui met en fuite les esprits. La sorcière, à son front, sent sécher les lugubres fleurs. Adieu sa royauté ! sa vie peut-être !… Que serait-ce si le jour la trouvait encore ? Que fera-t-elle de Satan ? une flamme ? une cendre ? Il ne demande pas mieux. Il sait bien, le rusé, que, pour vivre, renaître, le seul moyen, c’est de mourir.

Mourra-t-il, le puissant évocateur des morts qui donna à celles qui pleurent la seule joie d’ici-bas, l’amour évanoui et le rêve adoré ? Oh ? non, il est bien sûr de vivre.

Mourra-t-il, le puissant Esprit qui, trouvant la Création maudite, la Nature gisante par terre, que l’Église avait jetée de sa robe, comme un nourrisson sale, ramassa la Nature et la mit dans son sein ? Cela ne se peut pas.

Mourra-t-il, l’unique médecin du Moyen-âge, de l’âge malade, qui le sauva par les poisons, et lui dit : « Vis donc, imbécile ! »

Comme il est sûr de vivre, le gaillard, il meurt tout à son aise. Il s’escamote, brûle avec dextérité sa belle peau de bouc, s’évanouit dans la flamme et dans l’aube.


Mais, elle, elle qui fit Satan, qui fit tout, le bien et le mal, qui favorisa tant de choses, d’amour, de