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Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/492

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sait si ces simples diables de bergers et de sorcières n’auraient pas l’ambition d’habiter un inquisiteur ? Il n’est nullement rassuré, lorsque, de sa plus grosse voix, il dit à la vieille : « S’il est si puissant, ton maître, comment ne sens-je point ses atteintes ? » — « Et je ne les sentais que trop, dit le pauvre homme dans son livre. Quand j’étais à Ratisbonne, que de fois il venait frapper aux carreaux de ma fenêtre ! Que de fois il enfonçait des épingles à mon bonnet ! Puis c’étaient cent visions, des chiens, des singes, etc. »


La plus grande joie du Diable, ce grand logicien, c’est de pousser au docteur, par la voix de la fausse vieille, des arguments embarrassants, d’insidieuses questions, auxquels il n’échappe guère qu’en faisant comme ce poisson qui s’enfuit en troublant l’eau et la noircissant comme l’encre. Par exemple : « Le Diable n’agit qu’autant que Dieu le permet. Pourquoi punir ses instruments ? » — Ou bien : « Nous ne sommes pas libres. Dieu permet, comme pour Job, que le Diable nous tente et nous pousse, nous violente avec des coups… Doit-on punir qui n’est pas libre ? » — Sprenger s’en tire en disant : « Vous êtes des êtres libres (ici force textes). Vous n’êtes serfs que de votre pacte avec le Malin. » — À quoi la réponse serait trop facile : « Si Dieu permet au Malin de nous tenter de faire un pacte, il rend ce pacte possible, etc. »

« Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là ! Sot qui dispute avec le Diable. » — Tout le peuple