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Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/648

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comique de faire la guerre pour venger la virginité d’une petite folle infirme, et de se brouiller pour elle avec tous les honnêtes gens ! Le cardinal de Bonzi mourut de chagrin à Toulouse, mais au moins pour une belle dame, la noble marquise de Ganges. Ici l’évêque risquait de se perdre, d’être écrasé sous la honte et le ridicule, pour cette fille d’un revendeur de la rue de l’Hôpital !

Ces menaces de Sabatier firent d’autant plus d’impression que déjà l’évêque de lui-même tenait moins à la Cadière. Il ne lui savait pas bon gré d’être redevenue malade, d’avoir démenti son succès, de lui donner tort par sa rechute. Il lui en voulait de n’être pas guérie. Il se dit que Sabatier avait raison, qu’il serait bien bon de se compromettre. Le changement fut subit. Ce fut comme un coup de la Grâce. Il vit tout à coup la lumière, comme saint Paul au chemin de Damas, et se convertit aux Jésuites.

Sabatier ne le lâcha pas. Il lui présenta du papier, et lui fit écrire, signer l’interdiction du carme, son agent près de la Cadière ; plus, celle de son frère le jacobin (10 novembre 1730).