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nouvelles lumières de celle de l’hérésie qui l’engendrait. J’attends impatiemment le grand livre des Albigeois qui va paraître. M. Peyrat a retrouvé ce monde perdu dans un dépôt sacré, fidèle et bien gardé, la tradition des familles. Découverte imprévue ! Il est retrouvé l’in-pace où tout un peuple fut scellé, l’immense souterrain dont un homme du treizième siècle disait : « Ils ont fait tant de fosses, de caves, de cachots, d’oubliettes, qu’il n’y eut plus assez de pierres aux Pyrénées. »



II


Page 328 de l’Introduction. — Registres originaux de l’Inquisition. — J’avais l’espoir d’en trouver un à la Bibliothèque impériale. Le no 5954 (lat.) est intitulé en effet Inquisitio. Mais ce n’est qu’une enquête faite par ordre de saint Louis en 1261, lorsqu’il vit que l’horrible régime établi par sa mère et le légat dans sa minorité, faisait du midi un désert. Il le regrette et dit : « Licet in regni nostri primordiis ad terrorem durius scripserimus, etc. » Nul adoucissement pour les hérétiques, mais seulement pour les veuves ou enfants de ceux qui sont bien morts. — On n’a encore publié que deux des vrais registres de l’Inquisition (à la suite de Limburch). Ce sont des registres de Toulouse, qui vont de 1307 à 1326. Magi en a extrait deux autres (Acad. de Toulouse, 1790, in-quarto, t. IV, p. 19). Lamothe-Langon a extrait ceux de Carcassonne (Hist de l’Inquis. en France, t. III), Llorente ceux de l’Espagne. — Ces registres mystérieux étaient à Toulouse (et sans doute partout) enfermés dans des sacs pendus très haut aux murs, de plus cousus des deux côtés, de sorte qu’on ne pouvait rien lire sans découdre tout. Ils nous donnent un spécimen précieux, instructif pour toutes les inquisitions de l’Europe. Car la procédure était partout exactement la même (Voy. Directorium Eymerici, 1358). — Ce qui frappe dans ces registres, ce n’est pas seulement le grand nombre des suppliciés, c’est celui des emmurés, qu’on mettait dans une petite loge de pierre (camerula), ou dans une basse-fosse in-pace, au pain et à l’eau. C’est aussi le nombre infini des crozats, qui portaient la croix rouge devant et derrière. C’étaient les mieux traités ; on les laissait provisoirement chez