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LIVRE PREMIER

LA MÉTAMORPHOSE

TERREURS ET RÉPUGNANCES D’UNE ENFANT[1]


« L’hiver avait passé, l’été et presque les beaux jours, depuis le départ de mon père pour la Louisiane, dont il ne devait pas revenir. Notre maison de campagne était restée déserte. Ma mère, pleine de pressentiments et craignant d’y retourner elle-même, m’envoya une après-midi avec mes frères pour y recueillir quelques fruits.
« Et je partis, gardant, je l’avoue, un reste d’illusion, croyant presque retrouver au seuil paternel des bras amis pour me recevoir.
« Tout émue, je franchis la première entrée du domaine, et d’un élan j’arrivai en face de cette porte que tant de fois mon père nous avait ouverte avec cet ineffable sourire dont je vis encore.

  1. Ce fragment d’un journal de famille était destiné d’abord à l’Oiseau.