Aller au contenu

Page:Michelet - OC, La Montagne, L’Insecte.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voie toute nouvelle par son immense travail sur la chenille du saule, où l’on apprit que l’insecte est identique pour les muscles aux animaux supérieurs. Lyonnet se félicite d’avoir pu mettre à fin ce long travail, sans avoir tué plus de huit ou neuf individus de l’espèce qu’il voulait décrire. Noble résultat de l’étude ! En approfondissant la vie par ce travail persévérant, bien loin de s’y refroidir, il lui était plus sympathique. Le détail minutieux de l’infiniment petit lui avait révélé les sources de vive sensibilité qu’a cachées partout la nature. Il l’avait retrouvée la même au plus bas de l’échelle animale, et y avait pris le respect de toute existence.
Les insectes nous répugnent, nous inquiètent, parfois nous font peur juste en proportion de notre ignorance. Presque tous, spécialement dans nos climats, sont ourtant inoffensifs. Mais nous suspectons l’inconnu. Presque toujours nous les tuons, pour tout éclaircissement. Je me rappelle qu’un matin, à quatre heures, en juin, le soleil étant déjà haut, je fus éveillé assez brusquement, lorsque j’avais encore beaucoup de fatigue et de sommeil. J’étais à la campagne, dans une chambre sans volet ni rideau, en plein levant, et les rayons arrivaient jusqu’à mon lit. Un magnifique bourdon, je ne sais comment, était dans la chambre, et joyeusement, au soleil, voletait et bourdonnait. Ce bruit m’ennuyait. Je me lève, et, pensant qu’il voulait sortir, je lui ouvre la fenêtre. Mais point ; telle n’était son idée. La matinée, quoique belle, était très fraîche,