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INTRODUCTION

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peuple ils donnent des résultats partiels, artificiels, pris sous un angle étroit, qui prête aux malentendus. Les écrivains, les artistes, dont les procédés sont directement contraires à ces méthodes abstraites, semblaient devoir porter dans l’étude du peuple le sentiment de la vie. Plusieurs d’entre eux, des plus éminents, ont abordé ce grand sujet, et le talent ne leur a pas fait défaut ; les succès ont été immenses. L’Europe, depuis longtemps peu inventive, reçoit avec avidité les produits de notre littérature. Les Anglais ne font plus guère que des articles de revues. Quant aux livres allemands, qui les lit, sinon l’Allemagne ? Il importerait d’examiner si ces livres français qui ont tant de popularité en Europe, tant d’autorité, représentent vraiment la France, s’ils n’en ont pas montré certaines faces exceptionnelles, très défavorables, si ces peintures où l’on ne trouve guère que nos vices et nos laideurs, n’ont pas fait à notre pays un tort immense près des nations étrangères. Le talent, la bonne foi des auteurs, la libéralité connue de leurs principes, donnaient à leurs paroles un poids accablant. Le monde a reçu leurs livres comme un jugement terrible de la France sur elle-même. La France a cela de grave contre elle, qu’elle se montre nue aux nations. Les autres, en quelque sorte, restent vêtues, habillées. L’Allemagne, l’Angleterre même, avec toutes ses enquêtes, toute sa publicité, sont en comparaison peu connues ; elles ne peuvent se voir elles-mêmes, n’étant point centralisées.