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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

Ils étaient venus à Paris pour les affaires de la ville de Lyon. Ayant obtenu ce qu’ils voulaient, ils retournèrent dans leur solitude. Immédiatement (27 septembre 91), Madame Roland écrivit à Robespierre une fort belle lettre, à la fois spartiate et sentimentale, lettre digne, mais flatteuse. Cette lettre, un peu tendue, sent peut-être le calcul et l’intention politique. Elle était visiblement frappée de l’élasticité prodigieuse avec laquelle la machine jacobine, loin d’être brisée, se relevait alors dans toute la France, et du grand rôle politique de l’homme qui se trouvait le centre de la société. J’y remarque les passages suivants :

« Lors même que j’aurais suivi la marche du Corps législatif dans les papiers publics, j’aurais distingué le petit nombre d’hommes courageux, fidèles aux principes, et parmi ces hommes, celui dont l’énergie n’a cessé de… etc. J’aurais voué à ces élus l’attachement et la reconnaissance. — (Suivent des choses très hautes : Faire le bien comme Dieu, sans vouloir de reconnaissance.) Le peu d’âmes élevées qui seraient capables de grandes choses, dispersées sur la surface de la terre, et commandées par les circonstances, ne peuvent jamais se réunir pour agir de concert… — (Elle s’encadre gracieusement de son enfant, de la nature, nature triste toutefois. Elle esquisse le paysage pierreux, la sécheresse extraordinaire. — Lyon aristocrate. — À la campagne, on croit Roland aristocrate ; on a crié : À la lanterne ! etc.) – Vous avez beaucoup fait, Monsieur, pour démontrer et répandre ces principes ; il est beau, il est consolant de pouvoir se rendre ce témoignage, à un âge où tant d’autres ne