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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION


V


La guerre d’Espagne finie, après tant de fatigues, La Tour d’Auvergne voulut faire un tour en Bretagne, et, pour se reposer tout en étudiant, il s’embarqua. Le bâtiment fut pris par les Anglais.

Ceux-ci, fort rudes pour les prisonniers, les appelant tous jacobins, leur arrachaient brutalement leur cocarde tricolore. La Tour d’Auvergne sortit de sa douceur habituelle. Il prend la sienne, l’enfile de son épée jusqu’à la garde « Maintenant, dit-il, venez la prendre ! »

Il n’y eut pas moyen de la lui faire quitter. Il aima mieux être enfermé, dans sa longue captivité de dix-huit mois, que d’être, à ce prix, comme d’autres, prisonnier sur parole.

Et non seulement il garda, avec une noble obstination, les insignes de la liberté, mais, en prison, il ne perdit aucune occasion de confesser hautement sa foi révolutionnaire. Aux nouvelles de nos victoires, il se faisait des fêtes à sa manière, et, pour les célébrer, entonnait fortement les chants de la Révolution.