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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

attaques, Hoche revint à la charge avec un acharnement extraordinaire. Toute l’armée criait : « Landau ou la mort ! »

Bien lui en prit en ce moment d’être un soldat parvenu. Noble, il eut été suspect ; mais il reçut une lettre rassurante et généreuse de Saint-Just et de Lebas. Lacoste et Baudot le suivaient pas à pas, combattaient avec lui en intrépides soldats, durs, sobres, couchant sur la neige.

L’échec de Kaiserslautern faillit se renouveler devant Frœschwiller. Les redoutes de l’ennemi, disposées en amphithéâtre, étaient défendues par une invincible artillerie. À l’aspect des retranchements et du triple rang de batteries qui les couronnent, les bataillons républicaine hésitent. Mais Hoche connaît ses soldats ; ces formidables canons, il les met gaiement aux enchères. « Camarades ! s’écrie-t-il en parcourant les rangs, à quatre cents livres pièce les canons prussiens ! — à cinq cents ! — à six cents ! » « Adjugé ! » répondent en riant les soldats. Ils s’élancent au pas de charge, la baïonnette en avant ; en moins d’une heure, les trois lignes de redoutes sont franchies, emportées ; les Prussiens abandonnent dix-huit canons, vingt-quatre caissons et les pièces traînées devant le général Hoche sont payées comptant au prix de l’adjudication.

Les Prussiens cédèrent l’armée de la Moselle déboucha des Vosges, descendit en plaine Laudau fut sauvé, la jonction opérée avec Pichegru. Hoche se jeta dans ses bras : « Qu’est-ce que c’est que ce Pichegru ? écrivait-il ses joues m’ont paru de marbre »