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MAMELI

XIII


Il avait fait beaucoup, cet enfant de vingt ans. Il aurait fait bien davantage. Poète aimable, qui eût été grand.

Mais si le poète est regrettable, combien l’homme le fut plus encore.

Écrivons sur sa tombe ces paroles douloureuses du grave Mazzini :

« Que regretté-je ? Sa mort ? Non, elle fut heureuse. Je regrette le vide qu’il laisse, cette lumière de sérénité, ce sourire qu’il eut dans les yeux, et qu’il communiquait, calme comme la Foi. Je regrette cette affection d’autant plus profonde qu’elle éclatait moins en paroles ; ce parfum de poésie qui ondoyait autour de lui ces chants, errants toujours sur ses lèvres faciles, inspirées, spontanées, comme un chant d’alouette au matin. Le peuple les recueillait ; lui, il les oubliait.

« Pour moi, pour nous proscrits de vingt années, vieillis et dépouillés de nos illusions, il était comme