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II

HÉROÏSME DE PITIÉ
UNE FEMME A DÉTRUIT LA BASTILLE


La première apparition des femmes dans la carrière de l’héroïsme (hors de la sphère de la famille) eut lieu, on devait s’y attendre, par un élan de pitié.

Cela se fût vu en tout temps, mais ce qui est vraiment du grand siècle d’humanité, ce qui est nouveau et original, c’est une persistance étonnante dans une œuvre infiniment dangereuse, difficile et improbable, une humanité intrépide qui brava le péril, surmonta tout obstacle et dompta le temps.

Et tout cela, pour un être qui peut-être à d’autres époques n’eût intéressé personne, qui n’avait guère pour lui que d’être homme et très malheureux !

Nulle légende plus tragique que celle du prisonnier Latude ; nulle plus sublime que celle de sa libératrice, Mme Legros.

Nous ne conterons pas l’histoire de la Bastille, ni celle de Latude, si connue. Il suffit de dire que,