Ces propositions, négatives et polémiques, trouvaient leur complément dans les thèses dogmatiques que Luther publia presque en même temps :
« L’homme ne peut pas naturellement vouloir que Dieu soit Dieu. Il aimerait mieux être Dieu lui-même, et que Dieu ne fût pas Dieu.
— Il est faux que l’appétit soit libre d’aller dans les deux sens ; il n’est pas libre, mais captif.
— Il n’y a en la. nature, par-devant Dieu, rien que concupiscence.
— Il est faux que cette concupiscence puisse être réglée par la vertu de l’espérance. Car l’espérance est contraire à la charité qui cherche et désire seulement ce qui est de Dieu. L’espérance ne vient pas de nos mérites, mais de nos passions qui effacent nos mérites.
— La meilleure, l’infaillible préparation et l’unique disposition à recevoir la grâce, c’est le choix et la prédestination arrêtés par Dieu de toute éternité.
— Du côté de l’homme, rien ’ne précède la grâce, que la non-disposition à la grâce, ou plutôt la rébellion.
— Il est faux qu’on puisse trouver excuse dans une ignorance invincible. L’ignorance de Dieu, de soi, des bonnes œuvres, c’est la nature invincible de l’homme, etc. »
La publication de ces thèses et le sermon en langue vulgaire que Luther prononça à l’appui furent comme un coup de tonnerre dans l’Allemagne. Cette immolation de la liberté à la grâce, de l’homme à Dieu, du fini à l’infini, fut reconnue par le peuple allemand