Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/185

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avez tous senti. Je vous en remercie au nom du droit et de la liberté de tous ; les uns et les autres nous avons fait, je crois, ce que nous devions faire.

Ne pensez pas, d’ailleurs, que je n’aie désormais rien de plus pressé que d’envenimer mon sujet. Mon projet est tout différend. Je veux aujourd’hui ce que je voulais il y a un mois, étudier philosophiquement, impartialement, la Société de Jésus que je rencontre, sans pouvoir l’éviter ; j’ajoute que je me fais un devoir de l’étudier, non chez ses adversaires, non pas même dans les œuvres des individus, mais seulement dans les monuments consacrés qui lui ont donné la vie.

Ce qui ne peut manquer de vous frapper, c’est la rapidité avec laquelle cette Société a dégénéré. Où trouver rien de semblable dans aucun autre ordre ? Le cri public s’élève contre elle dès son berceau. La bulle de constitution est de 1540 ; déjà la Société est chassée, d’une partie de l’Espagne en 1555, des Pays-bas et du Portugal en 1578, de toute la France en 1594, de Venise en 1606, du royaume de Naples en 1622 ; je ne parle que des États Catholiques. Cette réprobation montre au moins combien le mal a été précoce. Pascal, en s’attachant aux casuistes voisins de son temps, s’est tu sur les origines de la Société ; ce grand nom de Loyola a détourné son glaive. Dans le procès du dix-