Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/205

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trouvez le principe et l’élément d’une sorte de jésuitisme, tant chez les anciens que chez les modernes. Je ne serais pas embarrassé de montrer que toute religion a produit tôt ou tard, son jésuitisme qui n’en est rien que la dégénération.

Sans sortir de notre tradition, les Pharisiens sont les jésuites du mosaïsme, comme les jésuites sont les Pharisiens du christianisme. Les Pharisiens ne doutaient-ils pas aussi de l’esprit ? ne demandaient-ils pas : qu’est-ce l’esprit ? n’étaient-ils pas les défenseurs acharnés de la lettre ? le Christ ne les comparait-il pas à des sépulcres ? n’est-ce pas aussi la comparaison qui plaît le plus aux nôtres dans leurs constitutions ? Si tout cela est vrai, où est la différence ? Et s’il n’y a pas de différence, c’est le Christ qui a prononcé en maudissant les scribes et les docteurs de la loi.

Gardez-vous donc (ici je m’adresse à ceux qui, séparés de moi, me montrent le plus d’aversion), gardez-vous donc de vous sceller tout vivants dans ces tombeaux, vous vous repentiriez lorsqu’il serait trop tard. Il y a encore de grandes choses à faire ; restez donc où est le combat de l’esprit, le danger, la vie, la récompense. Ne vous perdez pas, ne vous ensevelissez pas dans ces catacombes ; vous le savez comme moi : Dieu n’est pas le dieu des morts, il est le dieu des vivants.