Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/217

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de fraude, en présentant à cet autre univers, un Dieu menteur dans une Église menteuse ; et, ce n’est pas moi qui parle ainsi, ce sont les autorités suprêmes, les papes, les Innocent X, les Clément IX, les Clément XII, les Benoît XIII, les Benoît XIV, qui, dans une suite multipliée et non interrompue de décrets, de lettres, de brefs, de bulles, ont tenté, perpétuellement et vainement, de ramener les missionnaires de la société de Jésus à l’esprit de l’Evangile. Chose remarquable et qui montre bien la force du système, les mêmes hommes qui ont été formés pour soutenir la papauté, dès qu’ils ne sont plus sous sa main, se retournent contre ses décrets avec plus de force que tous les ordres ensemble ; il ne dépend pas d’eux qu’ils n’abolissent, dans ces contrées lointaines, non seulement la papauté, mais encore le christianisme.

Car, enfin, quel changement lui faisaient-il subir ? Etait-ce qu’ils le pénétraient d’une autre vie, qu’ils l’accommodaient aux mœurs, au climat, aux nécessités d’un monde nouveau ? Non. Qu’était-ce donc ? Peu de chose en vérité. Ces hommes de la société de Jésus, en enseignant le Christ, ne cachaient rien qu’une chose, la passion, la douleur, le calvaire. Ces chrétiens ne reniaient que la croix ; illos pudet Christum passum et