Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/224

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pu être ? parce que si les individus étaient dévoués, les maximes du corps étaient mauvaises. Vit-on jamais rien de semblable ? et que cette société mérite au fond plus de pitié que de colère ! Qui a plus travaillé, et qui a moins récolté ? elle a semé sur le sable ; pour avoir mêlé la ruse à l’Evangile, elle a subi le plus étrange châtiment qui soit au monde ; et ce châtiment consiste à toujours travailler, à ne jamais recueillir. Ce qu’elle élève d’une main au nom de l’Evangile, elle le détruit de l’autre au nom de la politique. Seule, elle a reçu cette terrible loi : qu’elle produit des martyrs et que le sang de ses martyrs ne produit que des ronces.

Où sont, dans cet immense Orient, ses établissements, ses colonies, ses conquêtes spirituelles ? Dans ces îles puissantes où elle a régné un moment, que reste-t-il d’elle ? qui se souvient d’elle ? Malgré tant de vertus privées, de sang courageusement versé, le souffle de la ruse a passé là : il a tout dissipé. L’Evangile porté par un esprit qui lui est opposé, n’a pas voulu croître et fleurir. Plutôt que de confirmer des doctrines ennemies, il a mieux aimé se dessécher lui-même. Voilà ce qu’a produit l’embûche dressée pour envelopper le monde.

Mais j’entends dire : Ils ont fait, pourtant, une