Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/230

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formés, avec des religions établies, l’islamisme, le brahmanisme, le bouddhisme.

Cependant, si l’on veut être juste, il faut accuser, non pas seulement la politique de la Société de Jésus, mais un mal plus profond. Pour évangéliser la terre, que présentons-nous à la terre ? Un christianisme divisé. Ce qui, dans les missions, a commencé le mal, c’est l’inimitié des ordres ; ce qui l’a achevé, c’est l’inimitié des cultes.

Partout on a vu, aux extrémités du globe, le catholicisme et le protestantisme se paralyser mutuellement. Disputés par ces influences contraires, que peuvent faire l’islamisme, le brahmanisme, le boudhisme, sinon attendre que nous soyons entre nous d’intelligence ? Le premier pas à faire, est donc de tendre nous-mêmes, non pas à éterniser les discordes, mais à manifester l’unité vivante du monde chrétien ; car nous ne sommes pas seuls dans l’attente du jour qui doit réunir tous les peuples dans le peuple de Dieu. De tant de religions qui se partagent la terre, pas une seule qui n’aspire à effacer toutes les autres par je ne sais quel coup de la providence. Et pourtant voyez-les : elles n’entreprennent plus rien de sérieux les unes sur les autres ; à peine si elles se dérobent par surprise quelques individus ; au reste, plus de projet avoué