Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/248

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est remplacé par un établissement plus profond, qui sans tuer l’homme n’anéantit que le roi. Le confesseur succède au régicide ; il n’y a plus de Jacques Clément, de Jean Châtel, de Barrière, etc. ; mais on voit quelque chose de plus effrayant. Derrière chaque roi, on voit marcher un homme de la société de Jésus, qui nuit et jour, avec l’autorité des menaces infernales, tient cette âme dans sa main, la brise dans les exercices spirituels, la rapetisse au niveau et au ton de la compagnie ; elle renonce à produire des ministres, c’est pour s’asseoir elle-même sur le trône, à côté du pénitent. On n’a pu briser la royauté au pied de la théocratie ; on fait mieux ; on glisse sa tête dans la couronne, à travers le confessionnal, et l’œuvre est consommée. Car il ne s’agit pas de jeter dans l’oreille des rois la vérité vivante, mais bien plutôt d’assoupir, de désarmer leur conscience en la remplissant d’un bourdonnement de haines et de rivalités cupides ; et rien n’est étrange comme d’apercevoir, au milieu de la vie qui s’accroît dans les sociétés modernes, tant de princes et de souverains, remués d’une manière mécanique par cette volonté qu’ils empruntent chaque jour, à qui fait profession d’exténuer la volonté.

Partout où une dynastie se meurt, je vois se sou-