Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lorsque la société de Jésus fut abolie par le pape, elle trouva son refuge, contre l’autorité suprême au sein du despotisme de Catherine II. On vit là, pour un moment, une ligue étrange, celle du despotisme, de l’athéisme, du jésuitisme, contre toutes les forces vives de l’opinion. Depuis 1773 jusqu’à 1814, dans cet intervalle où l’ordre de Jésus est tenu pour mort par la papauté, il s’obstine à vivre malgré elle, retiré pour ainsi dire au cœur de l’athéisme de la cour de Russie : c’est là qu’on le retrouva tout entier, dès qu’on en eut besoin.

Si ce ne sont pas là assez de contradictions, examinez les monuments qui, de nos jours, sont le plus imprégnés de son esprit. Personne n’a reproduit de notre temps avec plus d’autorité que MM. de Bonnald et de Maistre, les nouvelles maximes politiques de l’école théocratique. Demandez-leur ce qu’ils pensent de l’élection, de l’opinion, de la souveraineté du peuple. Cette souveraineté répond pour eux tous, leur orateur M. de Maistre, est un dogme anti-chrétien ; voilà pour l’orthodoxie. Mais on ne se contente pas de condamner ce que l’on a autrefois consacré ; il faut encore le bafouer avec cette affectation d’insolence particulière aux aristocraties déchues, quand elles n’ont plus d’autres armes. De là cette souveraineté si vantée par les Bel-