Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/266

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verò magis abstinendum) de s’occuper en rien ni de la cause première, ni de la liberté, ni de l’éternité de Dieu. Qu’ils ne disent rien, qu’ils ne fassent rien[1], paroles sacramentelles qui reviennent sans cesse, et forment tout l’esprit de cette méthode philosophique ; qu’ils passent, sans examiner, non examinando, c’est le fond de la théorie.

Ainsi, encore une fois, mais d’une manière plus frappante qu’en aucune autre matière, l’apparence à la place de la réalité, le masque au lieu du personnage. Concevez-vous un moment ce que pouvait être cette prétendue science de l’esprit, décapitée, dépossédée de l’idée de cause, de substance, et même de Dieu, c’est-à-dire, de tout ce qui en fait la grandeur ? Ils montraient bien, d’ailleurs, quel état ils en faisaient, par cette clause étrange de la règle : « Si quelqu’un est inepte dans la philosophie, qu’il soit appelé à l’étude des cas de conscience[2] ; » quoiqu’à véritablement parler, je ne sache, si dans ces mots il y a plus de mépris pour la philosophie ou pour la morale théologique.

Du reste, voyez combien ils sont conformes à eux-mêmes ; dès l’origine, ils se sont défiés de l’esprit, de

  1. Nihil dicant, nihil agant !
  2. Inepti ad philosophiam, ad casuum studia destinentur. Rat. Stud., p. 172.