Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/274

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apôtres à la société chrétienne tout entière. Au lieu de cette église gallicane reliée aux autres par une même communauté de sainteté, de puissance, de liberté ; au lieu de ce vaste fondement qui rattachait les peuples à Dieu, dans une organisation sublime ; au lieu de tant d’assemblées provinciales, nationales, générales, qui communiquaient leur vie au chef, et réciproquement puisaient en lui une partie de leur vie, que reste-t-il en théorie dans le catholicisme de la société de Jésus ? Un vieillard élevé en tremblant sur le pavois du Vatican ; tout se retire en lui ; tout s’absorbe en lui. S’il défaille, tout s’écroule ; s’il chancelle, tout s’égare ; et après cela, que devient cette Église de France si magnifiquement célébrée par Bossuet ? Un souffle suffit pour la dissiper.

C’est-à-dire, que malgré eux ils communiquent la mort à ce qu’ils veulent éterniser ; car, enfin, on ne fera croire à personne qu’il y ait plus d’apparence de vie, lorsque la vitalité est renfermée dans un seul membre, que lorsqu’elle est répandue dans tout l’univers chrétien. Depuis quinze siècles, la chrétienté s’était soumise au joug spirituel de l’église, image de la société des apôtres. Mais ce joug ne leur a pas suffi ; ils ont voulu courber le monde tout entier sous la main d’un seul maître. Ici mes paroles sont trop faibles ;