Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/28

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subite parlait assez haut, miracles de la nouvelle Église bien puissants pour toucher les cœurs… Certains, jusque-là des plus fermes, commençaient à réfléchir, à comprendre le ridicule de la pauvreté, et ils marchaient tête basse…

Une fois ébranlé, il n’y avait pas à respirer ; l’affaire était menée vivement, chaque jour avec plus d’audace. Les degrés successifs qu’on observait naguère étaient peu à peu négligés. Le stage néo-catholique allait s’abrégeant. Les jésuites ne voulaient plus qu’un jour pour une conversion complète. On ne traînait plus les adeptes sur les anciens préliminaires[1]. On montrait hardiment le but… Cette précipitation qu’on peut trouver imprudente, s’explique assez bien pourtant. Ces jeunes gens ne sont pas si jeunes qu’on puisse risquer d’attendre ; ils ont un pied dans la vie, ils vont agir ou agissent ; point de temps à perdre, le résultat est prochain. Gagnés aujourd’hui, ils livreraient demain la société tout entière, comme médecins le secret des familles, comme notaires celui des fortunes, comme parquet l’impunité.

Peu ont succombé… Les écoles ont résisté ; le bon

    spéculateurs en religion ne se fussent empressés d’exploiter cette situation.

  1. Art chrétien, démagogie catholique, etc.