Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/68

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Je sais que les éleveurs anglais ont trouvé l’art de faire d’étranges spécialités, des moutons qui ne sont que suif, des bœufs qui ne sont que viande, d’élégants squelettes de chevaux pour gagner des prix ; et pour monter ces chevaux, il leur a fallu des nains, tristes créatures à qui on défend de grandir.

N’est-ce pas une chose impie d’appliquer à l’âme cet art choquant de faire des monstres, de lui dire : « Tu garderas telle faculté, et tu sacrifieras telle autre ; nous te laisserons la mémoire, le sens des petites choses, telle pratique d’affaire et de ruse ; nous t’ôterons ce qui fait ton essence, ce qui est toi-même, la volonté, la liberté !.. en sorte qu’ainsi inutile, tu vives encore, comme instrument, et que tu ne t’appartiennes plus… »

Pour faire ces choses monstrueuses, il faut un art monstrueux.

L’art de tenir les hommes ensemble et pourtant dans l’isolement, unis pour l’action, désunis de cœur, concourant au même but, tout en se faisant la guerre.

Pour obtenir cet état d’isolement dans la société même, il faut d’abord laisser les membres inférieurs dans l’ignorance parfaite de ce qu’on leur révélera aux degrés supérieurs (Reg. comm. XXVII), de sorte