Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/79

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où chaque nation en soi, et toutes les nations entre elles, sans s’être entendues d’avance, se sont accordées.

Le moyen âge, moins libre, n’eut pas cette noble harmonie ; il en eut du moins l’espoir et comme l’ombre prophétique dans les grandes associations qui, bien que dépendantes encore, n’en furent pas moins des libertés par rapport aux temps antérieurs. Ainsi quand saint Dominique et saint François, tirant le moine de sa réclusion, l’envoyèrent par tout le monde, comme prêcheur et pèlerin, cette liberté nouvelle versa la vie par torrents… Saint Dominique, malgré la part funeste qu’il prend à l’inquisition, donne en foule les théologiens profonds, les orateurs, les poëtes, les peintres, les hardis penseurs, jusqu’à ce qu’il se brûle lui-même, pour ne point renaître, sur le bûcher de Bruno.

Le moyen âge fut ainsi, non un système artificiel et mécanique, mais bien un être vivant, qui eut sa liberté, et par elle sa fécondité, qui vécut vraiment, travailla et produisit… Et maintenant qu’il repose, il a gagné son repos, le bon ouvrier… Nous qui travaillons aujourd’hui, nous irons volontiers reposer près de lui demain.

Mais auparavant, et lui, et nous, nous serons appelés à répondre de ce que nous avons fait. Les siècles sont responsables comme les hommes. Nous viendrons, nous