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Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/95

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Ne vous souvient-il donc plus, ô Église ! des paroles éternelles qu’un de vos prophètes, Joachim de Flores, écouté avec respect des papes et des empereurs, dictait, l’an 1200, au pied de l’Etna. Son disciple nous dit : « Il dicta trois nuits, trois jours, sans dormir, manger, ni boire ; moi, j’écrivais… Et il était pâle comme la feuille des bois :

« Il y a eu trois âges, trois sortes de personnes parmi les croyants : les premiers appelés au travail d’accomplir la loi, les seconds au travail de la passion, les derniers élus pour la liberté de la contemplation. C’est ce qu’atteste l’Écriture lorsqu’elle dit : Où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté. — Le premier âge fut un âge d’esclaves, le second d’hommes libres, le troisième d’amis ; le premier, âge de vieillards, le second d’hommes, le troisième d’enfants ; au premier les orties, au second les roses, au dernier les lis. — Le mystère du royaume de Dieu apparut d’abord comme dans une nuit profonde ; puis il est venu à poindre comme l’aurore ; un jour il rayonnera dans son plein midi… Car à chaque âge du monde, la science croît et devient multiple ; il est écrit : Beaucoup passeront, et la science ira se multipliant. »

Ainsi, du fond du treizième siècle, le prophète